Eau Vive n° 523

            Cette semaine aura été médiatiquement très agitée par la question de la probité morale de nos politiques et d’une crise de confiance à cet égard. En plus haute instance les autorités veulent « légiférer » devant l’ampleur de cette tragédie.

            Mais là n’est peut-être pas l’essentiel. L’essentiel n’est-il pas dans un retour aux bonnes vieilles valeurs !

            Dans un livre publié en 2012 dont je ne peux, qu’une fois de plus vous recommander chaudement la lecture,  Timothy Radcliffe, écrivait avec un prophétisme incroyable :

            « Vertu » vient d’un mot latin qui signifie « fort ». Il n’est donc pas étonnant que les vertus soient depuis longtemps associées à la confirmation. Devenir vertueux ne consiste pas à se soumettre aux règles et  réglementations de l’Église. C’est grandir, devenir libre de faire de bon gré ce qui et bien. C’est prendre le plaisir et la liberté de faire la volonté de Dieu. En Occident, nous vivons une profonde crise morale. Les banquiers se remplissent les poches avec d’énormes bonus, même quand les banques perdent de l’argent. Des membres du Parlement tentent de vendre leur influence pour de l’argent liquide ; d’autres maquillent leurs dépenses. Il y a une énorme crise de confiance concernant la police, les avocats, les médecins et, hélas, même le clergé. On essaie de répondre à cela en mettant en place de plus en plus de lois, de contrôles, d’avertissements, de caméras de surveillance : la culture du contrôle. Mais ce dont nous avons assurément besoin, c’est d’une culture de la vertu, dans laquelle nous apprenions à bien agir non pas parce que c’est exigé mais en raison de notre être, de la personne que nous sommes.

             Les évêques d’Angleterre et du Pays de Galles avaient publié une déclaration avant les élections de 2010 : « La pratique de la vertu contribue à nous façonner comme peuple. En pratiquant la vertu, nous agissons bien non pas à cause d’une contrainte extérieure, mais parce qu’il est devenu naturel de faire ainsi. Les vertus nous forment comme agents moraux, de sorte que nous faisons ce qui est juste et honorable, indépendamment de toute récompense et sans nous soucier de ce que nous sommes légalement obligés de faire. ». L’Esprit-Saint nous et donné à la confirmation pour que nous puissions devenir vertueux ; et la vertu concerne moins les choses que nous faisons que la personne que nous sommes appelés à être. Maître Eckart disait à ses novices dominicains : « On ne devrait jamais trop penser à ce que l’on pourrait faire, mais on devrait penser à ce que l’on pourrait être. Si les gens et leur manière de vivre étaient tout simplement bons, ce qu’ils feraient pourrait être un exemple éclatant. » Nous sommes confirmés pour pouvoir, avec vigueur, être nous-mêmes dans le Christ (Faites le plongeon. Cerf 1012. p. 292-293)

            En pensant à tous nos frères et sœurs adultes qui vont être confirmés à la Pentecôte, en pensant à notre propre confirmation, méditons ce texte et laissons-le nous imprégner de cette grâce de la vertu.

Père Bruno

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