Il est né le divin enfant !
Nous voici donc entrés dans les belles et saintes fêtes de Noël !
Dans un contexte à nouveau menaçant et inquiétant, il nous est bon de vivre ces moments forts de retrouvailles familiales, de nous laisser porter par la simplicité des enfants, de retrouver, ou découvrir, le chemin de l’église, de la communauté chrétienne rassemblée, de sa joie, de sa foi, de ses chants : « il est né le divin enfant… »
Pourtant, il serait dommage d’en rester là, comme au niveau d’une parenthèse ouverte il y a quelques temps avec les premières décorations des magasins et qui se refermerait dans quelques jours, un peu comme on remet les guirlandes et les boules du sapin dans leur boîte, jusqu’à l’année prochaine. Comme notre pape François nous y invite : « Cherchons à entrer dans le vrai Noël ». Et quel est-il ce vrai Noël, qui peut nous conduire au cœur de ce que nous célébrons, sans quelquefois plus très bien le savoir ? C’est « celui de Jésus, qui s’approche de nous – Dieu-avec-nous, proche de nous », et ceci afin de « recevoir la grâce de cette fête, qui est une grâce d’amour, d’humilité et de tendresse. »
Certes, en ces jours de fête la joie des petits nous porte, et cet enfant Jésus couché dans de la paille, entouré de bergers et de santons joyeusement immobiles, nous attendrit. Et pourtant ce mystère est immense, stupéfiant, inimaginable : rien de moins que Dieu qui se fait l’un de nous, qui prend le risque fou de venir à notre rencontre au plus près. Car comme pour chaque rencontre, il s’agit bien d’un risque : de ne pas comprendre l’autre ou de ne pas être compris, pire de ne pas être accepté, reconnu, voire d’être rejeté, bafoué. La vie de Jésus jusqu’à sa mort sur la croix en sera d’ailleurs l’illustration parfaite, et l’actualité des migrants y fait encore écho aujourd’hui. Car l’amour va bien jusque-là : jusqu’à livrer sa vie pour ceux qu’on aime. Les drames du pourtour de la méditerranée nous rappelle qu’on peut aussi quelquefois livrer cette vie par peur de la situation politique de son pays ou de l’avenir de ses enfants : se livrer aux autres, pour le meilleur… ou pour le pire.
Nos pères dans la foi, aux premiers siècles du christianisme, rappelaient de façon très forte : « Dieu se fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Oui, en Jésus-Christ, Dieu se fait l’un de nous pour que nous puissions, si nous le voulons, lui ressembler en prenant visage de son Fils Unique. Dès lors, nous pouvons reconnaître, mais cela n’est jamais simple ni définitivement acquis, reconnaître en chaque enfant, en chaque femme, en chaque homme le visage et la présence de notre Dieu !
Quelle joie, quelle Bonne nouvelle pour notre humanité ! Mais aussi quel défi à vivre pour nous tous, ensemble, et quelle confiance que nous Dieu fait là.
Noël, c’est la simplicité immense de l’Enfant-Dieu, c’est le bois de la crèche qui annonce le bois de la croix, c’est le signe désormais donné du Dieu Tout Puissant : « un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire » !
N’ayez pas peur d’entrer pleinement dans le mystère de Noël… ou plutôt, de laisser entrer en vos cœurs le mystère de Noël.
Père Michel Isoard, curé