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Présentation

 

 

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BREVE HISTOIRE DE PEYROLLES

 

 

Si l’Histoire de Peyrolles remonte jusqu’à l’ère Tertiaire où régnait un climat tropical (Grotte aux Palmiers), son occupation la plus ancienne semble dater du Néolithique, sur le site de la Bastide-Blanche, mamelon dominant la plaine. L’époque romaine, qui vit au Ier siècle la construction de l’aqueduc de Traconnade (Jouques) à Aix, qui traverse la colline, a semble-t-il laissé des vestiges de villæ, notamment à Astors (près du hameau de Saint-Joseph, vers Meyrargues), au-dessus de la Durance qui coulait bien plus au sud qu’aujourd’hui.

C’est probablement à Astors, autour de ce qui deviendra la chapelle Notre-Dame, qui paraît de fondation très ancienne, que le village naquit. Sans doute les raids des Sarrasins basés sur la côte varoise provoquèrent-ils des replis de la population alors dispersée sur tout le terroir peyrollais.
Il est avéré qu’un castrum, qui dut vraisemblablement n’être qu’une modeste place forte, fut édifié sur le rocher du Saint-Sépulcre lorsque le repli de la Durance permit d’y accéder facilement. Ce castrum est signalé comme ruiné dès le XIIème siècle. Ce siècle est celui d’un premier développement peyrollais, puisqu’il vit, après l’agglomération du village autour du château fort, l’édification de la chapelle du Saint-Sépulcre, les débuts de l’église, et de très grands travaux à Notre-Dame d’Astors. Le pouvoir seigneurial s’établit alors fermement.

En 1211, les Archevêques d’Aix achètent Peyrolles. La plupart d’entre eux se montrèrent des gérants plutôt attentifs et avisés ; d’autres préférèrent concéder provisoirement la seigneurie à des laïcs, ce que la population n’apprécie guère. Celle-ci organise peu à peu sa représentation, d’abord ad hoc, puis permanente. Le problème des iscles, riches délaissés de la Durance (arbustes, petits bois, herbes), se pose rudement, allant jusqu’à la violence, face à Pertuis, ville puissante. En 1251-1252, l’archevêque d’Aix, seigneur de Peyrolles, et l’abbé de Montmajour ainsi que Guillaume de Pertuis, seigneurs de Pertuis, font appel à la sentence de deux arbitres, qui divisent les iscles disputées en deux parties, suivant une ligne fixe mais peu visible. En 1258, après l’invasion des iscles par les Pertuisiens, qui, venus avec des ânes, coupèrent les bois et mirent le feu à ce qui restait et aux granges pleines de foins des Peyrollais, Guillaume de Pertuis est excommunié. Pour sa réconciliation, il cède, avec l’abbé de Montmajour, la partie pertuisienne des iscles, et promet de réparer les dommages ; le juge de Forcalquier, en 1262 condamne Guillaume et la communauté de Pertuis à une amende de 100 livres.

Le roi René acquiert Peyrolles en 1475. Il y restaure l’extérieur du Saint-Sépulcre, aménage le château en résidence plus agréable, et y passe plusieurs étés. Sa mort en 1480, puis celle de son neveu et successeur en 1481, font passer le comté de Provence aux mains du roi de France, par union personnelle. Peyrolles, bien comtal, demeure propriété du comte de Provence, par ailleurs roi de France. Ce dernier y nomme des capitaines, plus ou moins préoccupés de la seigneurie : malgré quelques hommes attentifs, qui y résident et y veillent, c’est généralement un temps de délaissement. Au XVIème siècle, probablement avant les guerres de religion, Peyrolles connaît une certaine aisance, qui permet, entre autres, la construction de la chapelle Saint-Joseph, sous l’église, et de celle qui la surmonte. La population profite de l’éloignement du pouvoir seigneurial pour se faire confirmer ses privilèges, notamment ceux touchant aux iscles de la Durance, point d’achoppements très durs avec les seigneurs.

Le village, fortifié, subit un siège par les armées de Charles Quint. La Valette, gouverneur de Provence révoqué par le roi, entré dans Peyrolles par la brèche, le pille, et dort au château en 1588. Le duc d’Epernon, en rébellion conte le roi et favorable à la Ligue catholique, y réside aussi en 1594. A son appel aux communautés de Provence de se prononcer pour lui, Peyrolles (et Jouques, elle aussi soumise depuis peu) est des rares à l’accepter. Néanmoins, au passage d’un convoi de protestants prisonniers traversant Peyrolles (et Jouques), la population essaie de les délivrer !
Le XVIIème siècle semble un âge de prospérité : retable du Saint-Sépulcre offert par le viguier (juge) Claude Chateminois en 1607, grands travaux de restauration et d’agrandissements ambitieux à l’église, édification de la mairie (rue de l’Eglise) en 1663.

En 1668, Louis XIV cède Peyrolles à Henri de Forbin Maynier, baron d’Oppède. Son fils la vend dès 1681 à Antoine de Laurens, cadet d’une famille de parlementaires à Aix, capitaine aux armées du roi, grand Prévôt de Provence. Les Laurens marqueront profondément Peyrolles, notamment par leurs travaux d’urbanisme : agrandissement considérable du château, percement du Chemin-Neuf, restauration des murailles et de la porte du village, aménagement de jardins sous le château, endiguement. Ces travaux, qui bouleversent complètement le paysage du village, hérité largement du XIIIème siècle, ne sont souvent pas du goût des Peyrollais. La communauté intente un procès à son seigneur en 1744 à propos des iscles de la Durance. La tension est telle qu’en 1787, le dernier seigneur de Peyrolles, Marie-Marguerite de Laurens, préfère quitter Peyrolles.

La Révolution semble assez peu marquer Peyrolles. La population, par un procès, dès 1794, s’empare du domaine seigneurial, touche peu au château ; les terres sont par contre partagées. La dame de Peyrolles récupérera ses biens par un autre procès en 1806 ! Après la mort de sa fille et seule héritière en 1813, le domaine est peu à peu morcelé, puis le château. Celui-ci connaît son denier partage en 1863 ; la mairie en achète une part et y emménage avec les écoles (qui y resteront jusqu’aux années 1960), quittant ainsi son siège de la rue de l’Eglise.

Peyrolles s’absorbe alors dans les travaux d’endiguements de la Durance pour étendre les terres agricoles. Le village déborde peu à peu de l’enceinte médiévale vers le sud à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle. Son lent développement, nullement accru par l’arrivée du chemin de fer Meyrargues-Draguignan-Nice (1890-1949), ne connut une nette accélération qu’à partir des années 1950-1960, avec l’expansion de l’usine de charcuterie et de tomates ABC. Le développement d’Aix et Marseille, puis de Cadarache, remplace à partir des années 1980 l’attraction industrielle, et transforme profondément Peyrolles. La population a ainsi quadruplé entre 1946 et 2007.

F. DE MARC, pour la paroisse de Peyrolles. 2011.

 

 


 

 

EGLISE SAINT-PIERRE

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PLAN DE L'EGLISE

 

 

 

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XIIème siècle : chœur, chapelle du chœur, première travée de la nef, au plus haut du rocher.
 

 

Vers le XIIIème siècle : deuxième travée de la nef.

XVème siècle : chapelles gothiques des bas-côtés.
Début du XVIIème siècle : dernière chapelle gothique au sud (Saint-Sacrement) et celle lui servant de soubassement (Saint-Joseph, 13) ; chapelle Notre-Dame-des-Grâces.

XVIIème siècle (vers 1660) : dernière travée à l’ouest, avec la façade ; grandes arcades de la nef et du chœur ; remaniement du clocher.

Début du XIXème siècle : aménagement de la chapelle des fonts baptismaux et de celle suivante.

 

XIXème siècle : aménagement des autels de Notre-Dame-des-Grâces et de Saint-Joseph ; pose des vitraux actuels et remaniement de la sacristie.
 

1969 : déplacement du maître-autel dans l’actuelle chapelle du Saint-Sacrement ; réaménagement et réfection du chœur.
Vers la même époque : réfection de la voûte de la nef.
1999 : pose en façade d’une statue de saint Pierre.
2006 : restauration de la sacristie (ne se visite pas).

L’église mesure 22 mètres de long, 12 de large et 9,5 de hauteur sous voûte au chœur. Elle est bâtie sur le rocher, qui culmine au chœur. Seule la dernière chapelle au sud  (6) ne repose pas sur le roc mais sur une autre chapelle (13)

 

 

 

BAS-COTE SUD

1. Bénitier (XVIIème siècle).

2. Chapelle Notre-Dame-des-Grâces (XVIème-XIXème siècle).
Vierge à l’Enfant en bois (1664).
Autel, vitraux et parements en marbre,  avec l’A et le M entrelacés d’Ave Maria (XIXème siècle). Médaillons : à g. : l’Annonciation ; à dr. : la Visitation.

3. Buste en bois doré (XVIIème siècle) de saint Eloi (+ 660) évêque et conseiller de Dagobert Ier, patron des maréchaux-ferrants et protecteur des chevaux.
En face, statue de la Vierge à l’Enfant (XXème siècle), déposée de la façade en 1999.

4. Chapelle Saint-Joseph (XVème-XIXème siècle).
Statue du saint avec l’Enfant Jésus, en plâtre, autel en marbre, peintures, vitraux (XIXème siècle).
Culots sculptés des arcs de la voûte (XVème siècle) : à droite de l’autel : un blason, et à gauche : une quintefeuille (fleur héraldique).

5. Chapelle « des seigneurs »  (XVème siècle).
Clef de voûte portant un écu vide.

6. Chapelle du Saint-Sacrement (début du XVIIème siècle).
Vitrail (XXème siècle). Ancienne chapelle du Rosaire (autel démoli avant 1969).
Ancien maître-autel, en bois sculpté et doré (XVIIème siècle), classé. Médaillons : à gauche, les compagnons d’Emmaüs ; à droite : le sacrifice d’Isaac ; sur la porte du tabernacle : l’Agneau et le Livre au sept sceaux de l’Apocalypse.
Contre le mur : tableau à double face (XVIIème siècle), suspendu dans le chœur jusqu’en 1968, représentant : un Christ en gloire, et au dos une Vierge en majesté.

 

CHŒUR (XIIEME-XVIIEME S.)

7. Autel (1969). Dans l’abside : ancienne croix de procession (XVIIème siècle). Statue de la Vierge à l’Enfant en bois (XVIIème siècle), provenant de l’autel du Rosaire.

8. Chapelle du chœur (XIIème siècle - vraissemblablement). Tableau de saint Dominique recevant le rosaire des mains de l’Enfant-Jésus assis sur les genoux de la Vierge (XVIIème siècle), provenant de l’autel du Rosaire. Le chien en bas à gauche symbolise les Dominicains (en latin : Dominicanes, les Dominicains = Domini canes, les chiens du Seigneur) : ils protègent le monde (globe) par la Parole de Dieu (cierge enflammé).
Fonts baptismaux en marbre (XVIIème siècle), jusqu’en 1969 deux travées plus bas.

BAS-COTE NORD

9. Murs et voûte refaits en 1993. Vitrail (début du XIXème siècle).

10. Chapelle des fonts baptismaux. Vitrail du baptême du Christ (début du XIXème siècle).
Statues en plâtre (XIXème siècle), jusqu’aux années 1990 adossées à des piliers : saint Antoine de Padoue (+1231), sainte Jeanne d’Arc (+ 1431).
Statue de saint Roch (XIXème siècle ?), réfugié de sa chapelle de la rue des Ecoles, protecteur de Peyrolles pour la peste de 1581.

11. Chapelle Saint-Pierre.
Statue en bois (XIXème siècle).
Autel en bois (XVIIème siècle, remanié aux XIXème et XXème siècles), avec, aux écoinçons du tabernacle, les symboles des Evangélistes, de gauche à droite, saints : Matthieu, Luc, Marc, Jean.

 

NEF (DU XIIEME AU XVIIEME S.)

12.    Statues en plâtre (XIXème siècle). Au nord, Notre-Dame de la Salette entourée des deux bergers dauphinois à qui elle apparut en 1846, Mélanie et Maximin ; plaque en marbre d’une confrérie placée sous cette invocation, abaissée au niveau du sol (XIXème siècle). Au sud, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (+ 1897).

 

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EXTERIEUR

Façade occidentale (place de l’Eglise). Portail classique (vers 1660). Statue de saint Pierre (1999).
Clocher (XIIème et XVIIème siècles) : deux cloches, la plus grosse a été offerte par les consuls de Peyrolles en 1727.
Façade sud (rue de l’Eglise). Vestige d’un cadran solaire. Emplacement de litres funéraires (blasons et inscriptions) du XVIIème siècle, disparus.
13. Portail Renaissance (début du XVIIème siècle) de la chapelle Saint-Joseph (ne se visite pas).

 

Texte, photos et plan : F. De Marc pour la paroisse de Peyrolles. 2008


 

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DESCRIPTION DE L'EGLISE SAINT-PIERRE


La première construction remonte sans doute au XIIème siècle, alors que le castrum du Saint-Sépulcre était ruiné et que le village s’était concentré autour du château sur le plus haut rocher. Cette première partie romane correspond, probablement, à la chapelle du chœur, à l’abside, point culminant du rocher et au moins à la première travée de la nef de l’église actuelle.
Au XVème siècle, sous le roi René dit-on, les chapelles gothiques furent ajoutées, de chaque côté de la nef qui comportait vraisemblablement déjà deux travées. La dernière chapelle du bas-côté droit, bien qu’elle aussi gothique, semble appartenir à une campagne de travaux plus tardive : le style des culots de la voûte, comme celui de la chapelle sur laquelle elle repose feraient plutôt songer au XVIème siècle.
Les derniers travaux de grande ampleur eurent lieu au XVIIème siècle (vers 1600 ou 1660) : édification de la dernière travée à l’ouest et de la façade, placage des grandes arcades de la nef contre le mur médiéval, et remaniement du clocher. Il a cependant fallu soutenir les piliers sur lesquels repose le clocher : par des arcs courts et puissants au sud, entre les chapelles ; par l’épaisseur des murs originels au nord ; en même temps, tout le mobilier a été renouvelé.
Au XIXème siècle, des aménagements décoratifs notables sont exécutés : autels en marbre, tous les vitraux (dons de paroissiens), quelque statues, tableaux du chemin de croix, décorations diverses. Le bâtiment ancien voisin de l’église, a été remaniée profondément à l’époque (agrandissement et aménagement) pour la relier à l’église et en faire la sacristie actuelle.
Enfin, les derniers grands travaux ont eu lieu en 1968, avec la réfection complète du chœur : suppression de l’enduit des murs (y compris la chapelle du Saint-Sacrement), repavage, pose d’un nouvel autel. L’église a fait l’objet de plusieurs demandes de classement de la part de la mairie, qui n’ont jamais abouties.

 


VISITE

 

L’église mesure 22 mètres de long, 12 de large et 9,5 de hauteur sous voûte au chœur. Elle est bâtie sur le rocher, et suit sa pente vers l’ouest.

Intérieur

BAS-COTE DROIT

1ère travée : entrée de l’église. On y trouve, au-dessus du monument aux morts, le vitrail de saint Joseph ; à côté de la porte, le bénitier en marbre du XVIIème siècle, et au-dessus, le vitrail représente le Sacré-Cœur.

Chapelle de Notre-Dame des Grâces. La Sainte Vierge est très honorée à Peyrolles, qui est sous son patronage : la fête lui est vouée (originellement pour le 8 septembre, aujourd’hui les trois jours avant la semaine de la rentrée scolaire), deux oratoires lui sont dédiés, ainsi que la chapelle d’Astors (à Saint-Joseph, vers Meyrargues), situé dans le berceau gallo-romain du village.
La statue en bois de la Vierge à l’Enfant date de 1664 ; les ex-voto sculptés dans le marbre le prouvent, elle témoigne d’une grande dévotion. Elle possède quelques robes, dons de paroissiens. Les derniers ex-voto peints ont disparu dans les années 1980-1990.
L’autel en marbre comme le parement du mur et les petits vitraux, datent du XIXème siècle. On reconnaît sur le devant l’A et le M enlacés de l’Ave Maria.
Les deux médaillons sculptés représentent, à gauche, l’Annonciation, à droite, la Visitation de la Vierge  à sa cousine Elisabeth, mère de saint Jean Baptiste.

Dans les piliers suivants, on trouve à gauche, le buste en bois doré (XVIIème siècle) de saint Eloi,  évêque de Noyon (+ 660), conseiller de Dagobert Ier, orfèvre, patron des métallurgistes, puis des maréchaux-ferrants ; c’est tout naturellement que Peyrolles, ancien pays de chevaux, l’honore ; la fête secondaire du village, en août, lui était dédiée.
En face, la statue de la Vierge qui était placée sur la façade jusqu’en 1999, vœu du P. Louis van den Bruggen, un curé (1981-1994) qui a marqué Peyrolles.

Chapelle Saint-Joseph. Saint Joseph est lui aussi en faveur à Peyrolles, où il patronne un oratoire, un quartier et deux chapelles à l’église. Patron des charpentiers, le village, qui a longtemps vécu de sa riche et vaste forêt, l’a longtemps vénéré.
L’autel en marbre, avec le monogramme S I (Sanctus Iosephus), la statue du saint portant l’Enfant Jésus, ainsi que la forme du mur, ses vitraux et sa peinture, sont caractéristiques du XIXème siècle.
On remarquera dans cette chapelle les culots des arcs de la voûte du XVème siècle, qui sont tous sculptés, mais, empâtés par l’enduit du XIXème siècle : on reconnaît cependant, du côté de l’autel : à gauche une quintefeuille (fleur héraldique), et à droite un blason.

Chapelle « des seigneurs ». C’est la plus soignée des chapelles du XVème siècle. On notera la clef de voûte qui porte un écusson (vide), et la simplicité géométrique des culots. L’arc qui la sépare du chœur est le seul de l’église à être sculpté, certes extrêmement simplement. Sans doute est-ce là, et dans le chœur, que les bourgeois et les seigneurs de Peyrolles avaient leurs caveaux (comblés au XVIIIème siècle) ; aucun sire de Peirolles n’y fut enseveli, sauf quelques enfants cadets, et au moins un capitaine du roi quant le village était à la Couronne (1481-1668).
Le vitrail représente saint Louis de Gonzague (1568-1591), novice jésuite mort au service des pestiférés et patron de la jeunesse, figure familière de l’Eglise du XIXème siècle.

Chapelle du Saint-Sacrement. Bien que voûtée d’ogives, elle semble postérieure aux chapelles précédentes : les culots sont en effet d’une facture radicalement différente.
Avant la réfection du chœur et le réaménagement de l’église en 1968 se trouvait ici l’autel de Notre-Dame du Rosaire ; démantelé, ses ornements ont été dispersés dans l’église.
Le maître-autel (classé), désormais Tabernacle du Saint-Sacrement, l’y a remplacé. En bois sculpté et doré du XVIIème siècle, il présente dans ses médaillons : à gauche, les compagnons d’Emmaüs, à droite, le sacrifice d’Isaac ; sur la porte du tabernacle, l’Agneau avec le livre aux sept sceaux de l’Apocalypse.
Dans la même chapelle est déposé, le tableau à double face (XVIIème siècle), qui était suspendu dans le chœur. Il porte sur la face encadrée un Christ en gloire, et à son revers une Vierge en majesté.

CHŒUR

En 1968, la paroisse ôté du chœur le maître-autel désormais inutilisé, pour en faire exclusivement, selon les nouvelles règles, le Tabernacle, et de déposer le tableau ancien, abîmé et terni, suspendu au-dessus de l’abside. Le nouvel autel se veut aussi simple que les murs du XIIème et du XVIIème siècle.
L’ancienne croix de procession située dans l’abside date du XVIIème siècle. La Vierge à l’Enfant en bois de XVIIIème siècle, provient peut-être de l’autel du Rosaire.

BAS-COTE GAUCHE

Chapelle du chœur. Voûtée en berceau, elle date probablement du XIIème siècle. On y trouve : les fonts baptismaux en marbre du XVIIème siècle déposés ici vers 1968 ; une croix de procession en étain ; le tableau de l’autel du Rosaire (XVIIème siècle), représentant l’Enfant Jésus, sur les genoux de Sa mère, tendant le chapelet à saint Dominique (+ 1221) qui en a diffusé l’usage. Le chien tenant dans sa gueule un cierge allumé et entre ses pattes un monde, symbolise les Dominicains (en latin : Dominicanes = Domini canes, les chiens du Seigneur), qui protègent la Maison (monde) par la Parole (flamme).
En descendant par le passage en ogive, on observera l’épaisseur du mur qui soutient le clocher.

Dans la travée suivante, le vitrail, de forme curieuse, représente le Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie. Les enduits et les arcs de la voûte ont été refaits en 1993.

Chapelle « des fonts baptismaux ». De style gothique, elle a été restaurée après la Révolution (culots disproportionnés et abside tronquée). La cuve en marbre y était placée, comme le rappelle le vitrail du Baptême du Christ.
Saint Antoine de Padoue (+ 1231) y a été déposé (statue du XIXème siècle) ; il était autrefois sous le vitrail de la travée précédente.
La statue, dite traditionnellement de saint Roch (+ v. 1327) a trouvé ici un refuge . Ce saint est honoré à Peyrolles car la tradition veut que la peste de 1581, qui a obligé le Parlement d’Aix à se replier à Manosque, se soit arrêtée devant Peyrolles, là où l’on bâtit une petite chapelle, en ex-voto (aujourd’hui derrière l’école, alors en plein champ sur la route royale). Le vandalisme a forcé la commune et la paroisse à déplacer ici la statue, déjà meurtrie, un tableau l’accompagnant étant déjà perdu.
La statue de sainte Jeanne d’Arc (+ 1431), posée sur cet autel, était naguère adossée au pilier entre cette chapelle et la suivante.

Chapelle Saint-Pierre. La statue du patron de l’église est en bois du XIXème siècle. L’autel en bois remonte au XVIIème siècle, et a été remanié aux XIXème et XXème siècles ; aux coins du tabernacle, on voit les symboles des Evangélistes : (de gauche à droite) saints Matthieu (homme), Luc (taureau), Marc (lion), et Jean (aigle). De nombreuses sculptures décorent cet autel.


NEF

Voûtée en berceau, elle témoigne de l’heureux mariage du XIIème et du XVIIème siècles. La voûte romane est soutenue par des arcs reposant sur des culs-de-lampe moulurés avec simplicité sans doute du XVIIème siècle.
Les grandes arcades des années 1600 produisent depuis la porte un effet grandiose de régularité et de symétrie ; cet effet n’a pu être produit qu’en ne respectant pas le rythme des travées primitives : les ouvertures des chapelles sont décalées par rapport à ces arcades, comme les arcs de la voûte.
On trouve dans les piliers de la nef deux statues du XIXème siècle se faisant face. A gauche : Notre-Dame de la Salette, avec les deux petits bergers dauphinois à qui elle apparut en 1846, Mélanie et Maximin. En dessous, une plaque, abaissée au niveau du sol, rappelle qu’une confrérie avait été placée sous ce patronage (dissoute depuis). De nombreux ex-voto entouraient la statue (disparus vers 1968). A droite, une statue de même époque de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

 

 

Extérieur

La façade occidentale du XVIIème siècle, comporte un portail de style classique. La statue au fronton (1999) représente saint Pierre avec ses clefs dans un style volontiers archaïsant ; elle remplace une petite statue de la Vierge, vœu d’un curé, déposée dans l’église.
Jusque aux 1960, la rue de la Tour, qui part face à l’église, était bordée des deux côtés par des maisons. On ne peut nier aux constructeurs de 1600 un certain sens de la grandeur, l’effet de perspective produit par l’enfilement des maisons de l’étroite rue, la haute façade (le sol de l’église étant 2 mètres plus haut que la rue), le haut et puissant clocher, étant assez impressionnant ; une photographie ancienne en rend compte.
Le clocher, avec quatre gargouilles aux coins du toit, contient deux cloches, dont le mouvement a été automatisé en carillon en 2006. La plus grosse, « Marie », a été offerte par les consuls de Peyrolles en 1727. La tourelle qui est adossé à l’est du clocher abrite l’escalier.
Sur la rue de l’Eglise, on peut observer les vestiges des anciennes ouvertures de l’église. En allant vers la rue du Château, après la porte du XVIIème siècle : une porte cintrée et une fenêtre de même forme que celle éclairant le chœur ; des traces de cadran solaire, une fenêtre condamnée. Vers 1910, on devinait encore face au presbytère les armoiries des seigneurs de Peyrolles, dont il ne reste plus aucun vestige lisible.
Enfin, au croisement des rues de l’Eglise et du Château,sous la dernière chapelle, l’ancienne chapelle dédiée à saint Joseph, avec son élégant portail Renaissance.


Franck DE MARC

 

 

 


 

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CHAPELLE DU SAINT-SEPULCRE

XIIEME SIECLE

 

 

Située sur un promontoire qui est regardé par la tradition comme le site du premier castrum (lieu fortifié) de Peyrolles, antérieur au XIIème siècle où on le sait ruiné, la chapelle du Saint-Sépulcre garde tout son mystère.
Aucun document ne vient nous renseigner sur l’époque de sa construction, ni sur les raisons de son édification. L’historien est donc encore réduit aux hypothèses : aucune explication sérieuse ne peut être aujourd’hui avancée sur l’architecture de la chapelle, son ornementation ni son vocable. Ces trois éléments sont étonnants pour un village qui comptait encore seulement 500 habitants au XVIIème siècle.

Symbolisme ?

La forme de la chapelle n’est cependant pas unique en France. Cette architecture centrée et quadrilobée, présentant quatre demi-cercles autour d’un carré, se retrouve en effet vaguement au baptistère de Venasque (Vaucluse), bâtiment composite d’époques fort variées, et surtout à la chapelle Sainte-Croix de Montmajour (Arles), qui est la sœur jumelle presque parfaite du Saint-Sépulcre de Peyrolles.

Le symbolisme même de cette forme curieuse et rare est assez obscur. L’inspiration de la Croix semblerait évidente, à laquelle s’ajouterait le cercle, symbole de perfection et d’universalité, enserrant le carré, symbole de la terre et de la Création.

De fait, le poids symbolique chrétien de cette chapelle semble très fort, et le choix de la dédicace au Saint-Sépulcre pourrait s’éclairer à cette lumière. La mort du Christ signe en effet l’Alliance nouvelle et éternelle, par l’offrande parfaite du Fils de Dieu faite sur la Croix ; s’étant chargé des péchés des hommes, Lui sans péché, Il meurt pour racheter l’humanité toute entière de la faute d’Adam. Le monde ancien, marqué par la faute d’Adam, s’en est allé ; un nouveau monde, marqué par la grâce, est né dans la mort et la résurrection du Christ, nouvel Adam : « où la faute a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20).

L’iconographie très riche (bien que malheureusement en très mauvais état) de la chapelle pourrait souligner ce symbolisme.
A l’ouest, sur le mur au-dessus de l’absidiole, se trouve encore visible une Eve dans le jardin d’Eden, à droite du fenestron géminé. Sans doute Adam lui faisait-il face sur ce mur, encadré par une évocation de la Création avant la chute.
Cette scène fait face à l’autel, signe du sacrifice rédempteur du Christ, et au retable de l’Ensevelissement (1607). Par ailleurs, sur les murs des absidioles nord et ouest, on distingue encore une procession de saints auréolés, témoins du Christ à tous les âges de l’Eglise, qui se dirigent de l’est, de l’autel, de la mort et de la Résurrection, vers l’ouest, le monde ancien désormais racheté, dominé par Adam et Eve.
Le Saint-Sépulcre de Jérusalem pourrait être une autre source d’inspiration ; on a ainsi vu dans celui de Peyrolles un ex-voto de retour de croisade. Encore une fois, l’absence de document ne permet pas d’être affirmatif. Notons que le Saint-Sépulcre de Jérusalem a toujours été non pas quadrilobé mais circulaire, et que les Européens du Moyen Age le savaient. Cela n’empêchait nullement une évocation du lieu saint par une architecture différente quoique proche, à la place d’une reproduction fidèle élevée à Peyrolles !

Brève histoire

On ne sait rien sur la chapelle au Moyen Age. La tradition veut que le roi René l’ait fait restaurer ; il n’a pu s’agir que d’une réfection extérieure, les fresques n’ayant visiblement pas été touchées. Par ailleurs, une lecture des comptes du prince laisse plutôt à penser que c’est la chapelle du château qui a fait alors l’objet de travaux.
Au XVème siècle, des graffitis marins (voiliers) ont été gravés sur le mur nord de l’abside ouest. On y voit habituellement des ex-voto pour une traversée maritime agitée, bien que ce soit la seule trace de ce type de dévotion dans cette chapelle bien loin de la mer.
La chapelle fut occupée par une confrérie de Pénitents au XVIIIème siècle. Sans doute leur doit-on l’édification de l’actuel clocheton et la pose de la porte : la chapelle était signalée auparavant comme ouverte à tous les vents et pour ainsi dire à l’abandon…
Actuellement, la messe du vendredi matin à 9h est dite dans la chapelle durant tout le Temps de Pâques
Le retable a été classé le 30 septembre 1911, la chapelle et les fresques le 16 août 1932.

Visite

La chapelle est composée d’un carré central d’environ 3 m de côté et 9 m de hauteur. Il est voûté en berceau brisé. Sur chacun des côtés du carré s’ouvre une absidiole profonde d’environ 1, 8 m voûtée en cul-de-four.
Le carré est éclairé par deux fenêtres géminées, les absidioles sud et est par un fenestron, et celle de l’ouest par une sorte de tympan en demi-cercle au-dessus de la porte. Une banquette de pierre court le long des murs jusqu’au « chœur » refait dans les années 1980.

Les murs sont recouverts par des fresques du XIIème ou du XIIème siècle, dont il reste des vestiges importants mais FRAGILES. Une campagne de sauvetage a permis de consolider les couches picturales menaçant de s’effondrer par la pose de bandes de gaze.
On distingue encore sur le mur ouest du carré central, à droite de la fenêtre, Eve dans le Jardin d’Eden. Les plus grandes fresques subsistantes sont dans l’absidiole nord : un cortège de saints auréolés est nettement visible, qui se poursuit vers l’ouest.

Sur le mur nord de l’abside ouest (à droite en sortant de la chapelle), on trouve à hauteur d’appui quelques graffitis marins représentant des navires à voiles, et que l’on date du XVème siècle.

De part et d’autre de l’entrée du « chœur », on trouve des petits panonceaux de fer peint, remontant au XVIIème siècle, souvenirs d’une confrérie de pénitents qui avait choisi la chapelle comme lieu de culte particulier. On conserve aussi d’eux les deux croix de procession déposées dans le chœur.
L’autel date des années 1980 et remplace un autel plus ancien adossé au mur.

Contre le mur est placé le retable de l’Ensevelissement du Christ, surmonté par une Trinité, panneau de bois peint offert en 1607 par Claude de Chateminois, viguier (sorte de juge) à Peyrolles. Il est représenté agenouillé, en bas du tableau, en face de sa femme. Une inscription peinte au-dessus du panneau principal rappelle ce don.
Une tradition récente veut que le village fortifié que l’on aperçoit à l’arrière plan de la scène, à droite, soit Peyrolles, ce qui n’est pas impossible, malgré un défaut d’orientation flagrant (la Durance coulerait dans le mauvais sens) – mais le peintre ne visait sans doute pas à l’exactitude géographique dans une œuvre symbolique.

Le clocheton qui surmonte la chapelle a été bâti au XVIIème siècle.


Paroisse de Peyrolles : 17, rue de l’Eglise – 04 42 57 80 40
Office de Tourisme : place des Héros et des Anciens Combattants – 04 42 57 89 82
 

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