Eau Vive n°634 Dimanche 21 janvier 2018

Quelle unité pour les chrétiens ?

Du jeudi 18, et ce jusqu’au 25 janvier, nous vivons la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Alors que cette proposition existe depuis 110 ans maintenant, la question même de cette unité continue d’interroger, aussi bien ceux qui y sont indifférents, voire hostiles, que ceux et celles qui en attendent au contraire beaucoup.

Dans la suite du concile Vatican II beaucoup de chemin a été parcouru : que ce soit dans la connaissance (et reconnaissance) des Églises entre elles, dans leur prière commune, dans la réflexion théologique. D’ailleurs des  professions de foi et des positions communes ont été signées de part et d’autre. Certains ont alors pensé que la pleine communion serait imminente et que les jours étaient proches où l’on partagerait l’Eucharistie.

En même temps, d’autres circonstances ont par contre freiné ce chemin d’unité : les options de certaines Églises sur les ministères (prêtres, évêques…) ou les questions d’éthique, la chute du bloc communiste en Russie et la nouvelle répartition des communautés chrétiennes sur son territoire ou encore le déplacement des priorités vers le dialogue interreligieux, notamment avec l’Islam.

Sur notre territoire, l’association qui porte ce souci (A.V.D.U.C) des deux côtés de la Durance a vu aussi ses effectifs s’amenuiser à cause de l’âge ou de la santé (c’est vrai pour d’autres), du manque d’implication de nos communautés chrétiennes et même de dissensions entre Églises.

Mais si la poursuite du dialogue ne s’effectue pas comme beaucoup l’auraient imaginé, ou souhaité, il faut savoir reconnaître d’autres pistes ouvertes et prometteuses. Toute la dynamique de renouveau de l’évangélisation dans l’Église catholique, à laquelle notre diocèse et notre unité pastorale prend part, est largement influencée par les Églises protestantes. De même, les persécutions en Égypte ou au Moyen Orient nous ont appris à considérer avant tout les « chrétiens d’Orient », et non telle ou telle confession. Notre pape lui-même a posé des gestes forts, que ce soit avec les orthodoxes (patriarches Kirill et Bartholoméos) ou plus récemment avec les protestants à l’occasion des 500 ans de la Réforme protestante.

L’objectif n’est donc pas derrière nous, mais toujours devant. Mais comme un paysage lointain, il se précise à mesure que nous avançons : ce que nous avions pensé reconnaitre se présente autrement, et ce que nous n’avions pas encore pu percevoir apparaît maintenant plus distinctement.

Je voudrais finir par les mots mêmes du Concile, inspirés par l’Esprit Saint : « Le Concile souhaite instamment que les initiatives des enfants de l'Église catholique progressent unies à celles des frères séparés, sans mettre un obstacle quelconque aux voies de la Providence et sans préjuger des impulsions futures de l'Esprit-Saint. Au surplus, le Concile déclare avoir conscience que ce projet sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l'unité d'une seule et unique Église du Christ, dépasse les forces et les capacités humaines. C'est pourquoi il met entièrement son espoir dans la prière du Christ pour l'Église, dans l'amour du Père à notre égard, et dans la puissance du Saint Esprit. » (Concile Vatican II, Décret sur l’œcuménisme, n°25)

Père Michel