Une, Sainte, Catholique et Apostolique
Alors que nous venons tout juste d’accueillir avec émotion et confiance, un nouveau Pape, je ne peux pas résister à la tentation de vous parler de l’Eglise.
Notre Sainte Eglise catholique, en laquelle nous croyons et qu’il nous faut aimer comme Jésus, car elle est Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Grâce à quoi ?...... à l’Esprit Saint !
Cet Esprit Saint qui est un cadeau de Dieu qui nous est envoyé au nom de Jésus et qui est à l’œuvre dans l’Eglise d’aujourd’hui, comme il l’était déjà à son commencement. Nous pouvons nous en émerveiller dans les récits des actes des apôtres qui nous sont proposés cette année en lecture cursive depuis Pâques. On observe comment « le défenseur » est à l’œuvre dans la première communauté au moment de ce que l’on peut appeler le premier concile de Jérusalem.
De quoi s’agit-il ? Nous sommes environ vers l’an 50, soit 16 à 20 ans après la Pentecôte, nous sommes à Antioche de Syrie, c’est-à-dire aujourd’hui Antakya en Turquie, donc loin au nord de Jérusalem et cette communauté a été fondée par des juifs de langue grecque, qui sont devenus chrétiens et qui ont émigré à cause de la persécution qui a suivi le martyre de saint Etienne. (Actes 11.) Arrivant à Antioche, que font-ils ? Ils annoncent l’Evangile, et bon nombre de païens se convertissent. D’ailleurs, c’est à Antioche que, pour la première fois, le nom de chrétiens fut donné avec dédain et pour se moquer des disciples de Jésus-le-Christ.
Mais un problème se pose, pour avoir le Salut ne faut-il pas que ces païens nouveaux baptisés passent par le judaïsme et en observe toutes les lois et la circoncision ? Certains fondamentalistes pensent que oui, tandis que Paul et Barnabé soutiennent que c’est uniquement le baptême qui sauve. La question est épineuse ! Et les esprits s’échauffent un peu (Acte 15, 1) et malgré les 700 km de distance, ils n’hésitent pas à en référer à l’Eglise qui est à Jérusalem. (Actes 11. 22) Pour les juifs devenus disciples du Christ, ce n’est pas facile d’admettre que les païens puissent participer à la même promesse qu’Israël, à la même Alliance universelle, sans passer par ce rite qui était le rite d’agrégation par excellence depuis Abraham !
Mais déjà, on peut s’émerveiller de voir que l’Eglise est « Une », elle fait bloc, et si une difficulté survient, la communauté d’Antioche ne fait pas cavalier seul, et ne se juge pas “auto-suffisante”, elle se tourne vers celle de Jérusalem pour en débattre parce que c’est là que les apôtres de Jésus y résident encore. Ainsi, si chaque communauté est bien « l’Eglise » c’est parce qu’elle vit sa propre grâce en référence au ministère des apôtres. C’est d’eux qu’elle détient le mandat. L’Eglise est Apostolique ! Et c’est toujours le cas à ce jour, avec les successeurs des apôtres que sont nos évêques. Dans sa vision de la Jérusalem céleste, Jean dira : »la muraille de la ville reposait sur douze fondations portant le nom des douze apôtres. » (Ap 21, 22)
C’est à cette condition, que l’Eglise peut dire avec cette humilité magnifique et confondante : ”L’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé.” (Ac 15, 28) Mais il faut cette double condition : Personne ne peut se dire l’interprète de l’Esprit-Saint s’il n’a pas la garantie apostolique. C’est ce qui nous permet de dire, aujourd’hui encore, que l’Eglise est Sainte et Apostolique.
Ainsi, dans la prière, la sagesse de l’Esprit Saint va les amener à discerner que les rites ne peuvent limiter le Salut de Dieu à un seul peuple, fût-il le Peuple choisi. Non, l’Alliance voulue par le Seigneur concerne tous les hommes. Dieu veut une Eglise universelle, Katolikôs en grec : une Eglise Catholique, qui est basée sur l’amour et l’Alliance conclue au temps de Noé, mais qui veut que le salut soit accessible à tous les hommes. C’est une grande richesse de notre Eglise, qu’elle soit, dans son ADN, soucieuse de l’humanité entière : cela se traduit dans notre liturgie eucharistique, ou dans la grande prière universelle du vendredi saint (où l’on prie pour les membres des autres religions, les non croyants…) et la prière du jubilé « … que nous puissions faire fructifier les semences de l’Evangile, qui feront grandir l’humanité et la création tout entière »
Ainsi, depuis l’origine nous voyons comme le Seigneur nous a bâti une Eglise Sainte parce qu’inspirée par l’Esprit-Saint ; Une, c’est à dire unifiée et centré sur le Christ qui en est la pierre angulaire, Catholique c’est-à-dire universelle, car le Seigneur veut le Salut de tous les hommes ; Apostolique parce qu’elle est appuyée sur la foi des apôtres ! Quelle merveille que notre Eglise, frères et sœurs ! Soyons en fiers, aimons là car elle nous donne la vie.
Philippe VINCENT-diacre