Eau Vive n°542

Marana tha !

            Le temps petit à petit se rafraîchit, le changement d’heure nous plonge encore plus rapidement dans la nuit et même le soleil encore un peu présent ne peut nous faire oublier l’hiver qui s’approche. Au plan liturgique, c’est même déjà la fin de l’année qui s’annonce avec les derniers dimanches du temps ordinaire. Enfin, les lectures de la messe nous le rappellent par leur allusion à la fin des temps et à la venue du Fils de l’homme en gloire.

            Malheureusement, pour nombre de nos contemporains, et même parmi les fidèles, l’apocalypse est devenue exclusivement (même si ces aspects sont aussi présents dans la bible) synonyme de catastrophe et d’horreur (certains films ne nous ont pas aidés en cela). L’Ecriture Sainte, dès l’ancien testament nous parle avant tout d’un monde qui comme toute œuvre créée se terminera, étant une réalité qui n’a pas sa fin en soi mais qui prépare à autre chose, non pas à une autre vie, mais à cette vie déjà là vécue d’une autre façon. Et la belle fête du Christ Roi nous rappelle que cette fin du monde (ce passage, cette pâque comme pour chacun de nous) sera marquée par la venue du Christ en gloire. Non pas parce que « Jésus revient » (là encore, les films… !), comme s’il fallait une nouvelle incarnation, un « replay » du mystère du salut, mais parce que le Christ ressuscité et glorifié vient définitivement transformer ce monde, et nous avec, pour le faire entrer dans la plénitude des temps, où « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28).

            Mais l’annonce et l’espérance de cet accomplissement de ce monde doit transformer notre manière de vivre dès maintenant. Non pas d’ailleurs, comme ce fut des fois le cas aux premiers temps de l’Eglise, pour démobiliser les chrétiens et les enfermer dans l’oisiveté, mais plutôt pour les inviter à prendre au sérieux le temps présent et préparer l’avènement du Seigneur, ne sachant « ni le jour ni l’heure ».

            C’est dans cette dynamique chrétienne et tension missionnaire que l’on peut comprendre l’invitation pressante de notre pape à ne pas nous refermer sur nous-mêmes, mais à nous porter vers les « périphéries ». Il le redisait encore il y a quelques semaines aux catéchistes réunis à Rome pour leur congrès international dans le cadre de l’année de la foi. Je le cite : « Quand un chrétien est fermé sur son groupe, sur sa paroisse, sur son mouvement, il est fermé, il tombe malade. Si un chrétien sort dans les rues, les périphéries, il peut lui arriver ce qui arrive à des personnes qui vont dans les rues : un accident. Mais je vous dis : je préfère mille fois une Eglise accidentée qu’une Eglise malade ! Une Eglise, un catéchiste qui a le courage de courir le risque de sortir, et non un catéchiste qui étudie, qui sait tout, mais toujours fermé : celui-là est malade. Et parfois, il est malade de la tête…  Mais attention ! Jésus ne dit pas : ‘Allez, débrouillez-vous.’ Non, il ne dit pas cela ! Jésus dit : ‘Allez, je suis avec vous !’ »[i]. Et je me permets de poursuivre la citation chez Saint Matthieu : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » !

            Cette année de la foi qui se clôture en la fête du Christ Roi de l’univers n’est donc pas la fin de notre démarche dans la foi, mais au contraire une invitation inlassable à grandir dans cette foi dans la venue du Seigneur qui sans cesse « fait toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5). Alors les derniers mots de notre liturgie de l’année font écho aux derniers mots de la Bible pour redire non moins inlassablement : « Amen, viens Seigneur Jésus ! Marana tha ! » (Ap, 22, 20)

P. Michel Isoard, curé administrateur

   [1] A retrouver sur le site : http://www.vatican.va

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INFORMATIONS

Dans nos paroisses du samedi 16 novembre  au Dimanche 1^er décembre 2013