Eau Vive n°529

En lien avec la Fête du Saint Sacrement et l'Année de la Foi, le Pape François souhaite que toutes les communautés chrétiennes du monde s'unissent dans un temps d'Adoration Eucharistique, ce dimanche 2 juin.   Pour notre Unité Pastorale, ce sera à l'église de Meyrargues, de 18 h 30 à 19 h 30.

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Le courage des confirmés  (4) fin

            Nos responsables ont besoin de manifester de la confiance dans les jeunes. Dieu est apparu parmi nous comme un bébé nouveau-né. Chaque année nous célébrons sa naissance. Dieu est à jamais jeune, plus en forme et plus vigoureux que nous-mêmes ; et nous devons donc avoir confiance dans les jeunes, en qui Dieu est présent et qui se veulent ouverts à un avenir que nous ne pouvons imaginer. Lorsque saint Dominique envoya ses jeunes novices prêcher l’Évangile, les moines cisterciens étaient convaincus qu’ils allaient être en contact avec des femmes et qu’on ne les reverrait jamais ; mais saint Dominique dit : « J’ai la certitude que mes jeunes gens vont partir et revenir, être envoyés au-dehors et rentrer ; mais vos jeunes gens seront enfermés et partiront quand même. »

            Nous avons aussi besoin de courage ad extra, dans notre mission pour le monde. L’Évangile s’est répandu à travers le monde à cause de nos prédécesseurs dans la foi qui étaient extraordinairement courageux. Plus de la moitié des dominicains espagnols envoyés prêcher l’Évangile en Asie au XVIème siècle moururent avant même d’être arrivés. J’ai visité des cimetières au Nigeria, remplis de corps de jeunes missionnaires occidentaux, morts dans la vingtaine ou la trentaine, souvent de malaria.

            Nous avons besoin d’une autre sorte de courage, pour quitter notre petit monde ecclésiastique confortable et nous immerger dans les questions de nos contemporains, en nous exposant à leurs convictions. Pour cette mission, nous avons besoin, là encore, de confiance et d’humilité ? Nous avons besoin de prêcher la grande aventure de notre foi, quel qu’en soit le prix, même celui de notre vie. Dieu est devenu humain pour que nous devenions divins. Une spiritualité confortable et inoffensive, une petite dose de psychologie mélangée à une bribe de moralité, n’est pas suffisante. Tant que le christianisme n’est pas perçu comme une invitation radicale à partager la vie même de Dieu, une sage folie, pourquoi s’en inquiéter ? Puissions-nous avoir davantage de fous pour le Christ !

            Nous avons aussi besoin de courage pour écouter nos contemporains, en particulier quand ils ne sont pas d’accord avec nous. Eux aussi nous appellent à la conversion. Nous devons être prêts à descendre des hauteurs où nous nous tenons, à aborder des questions dont nous n’avons pas les réponses et à ne pas craindre d’admettre que nous avons besoin d’aide pour les trouver.

            Nous ne devons pas être obsédés par notre intégrité idéologique au point d’avoir peur d’être impliqués dans ce monde trouble. Jésus fréquentait tout le monde, quelle que soit la moralité des gens, pour pouvoir leur offrir sons hospitalité largement ouverte. Quand Amnesty International a commencé à soutenir l’avortement, beaucoup de chrétiens, bien entendu, ont été profondément déçus, et à juste titre. Mais est-il bon de renoncer à notre collaboration avec ce mouvement qui défend si fortement la vie pour la seule raison qu’on n’y partage pas nos convictions sur tout ? Si nous ne fréquentons que ceux qui sont purs, nous ressemblerons davantage aux pharisiens qu’aux disciples du Christ.

Nous avons besoin de courage pour poser des gestes forts, comme Jésus ne cessait de le faire. Les responsables de l’Église parlent de nombreux problèmes moraux et complexes, de l’homosexualité et de l’avortement, de l’euthanasie et de la bioéthique. Souvent nos paroles ne sont tout simplement pas comprises par tous ceux qui ne sont pas déjà en accord avec elles.         

            C’est seulement si nous ouvrons nos maisons aux gens qui se débattent avec ces problèmes, si nous offrons et acceptons l’hospitalité, si nous créons de l’amitié, qu’il peut exister un contexte dans lequel nous pouvons découvrir les mots qui ont quelque autorité, les mots de l’Évangile. Bien sûr nous serons incompris. Les médias nous présenteront systématiquement sous un mauvais jour. Nous en souffrirons peut-être. Mais il y a une chance pour que nous disions quelque chose. Jésus a pris ce risque ; on peut mettre en avant qu’il est mort en partie parce qu’il fut incompris, et qu’il était obligé de l’être ; mais il se releva de la mort.

Timothy Radcliffe. Faites le plongeon. Cerf 2012. P. 313-318

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Cette semaine dans nos paroisses