Dimanche 27 février 2011 - 8ème dimanche du Temps Ordinaire
DES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN
« En Dieu seul, le repos de mon âme »
Où donc t'ai-je trouvé, Seigneur, pour apprendre à te connaître ? Avant que je te connaisse, tu n'étais pas encore dans ma mémoire. Où donc t'ai-je trouvé, pour te connaître, si ce n'est en toi, au-dessus de moi ? Aucun espace dans tout cela : nous nous éloignons, nous nous approchons de toi, rien de cela n'est dans l'espace. C'est partout, ô Vérité, que tu sièges pour tous ceux qui viennent te consulter, et tu réponds en même temps à tous ceux qui te consultent sur des questions différentes.
Tu réponds clairement, mais tous ne t'entendent pas clairement. Tous te consultent sur ce qu'ils veulent, mais ils n'entendent pas toujours la réponse qu'ils veulent. Le meilleur de tes serviteurs n'est pas celui qui se soucie de t'entendre dire ce qu'il veut ; c'est plutôt celui qui veut ce que tu lui dis.
Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t'ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas, si elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement ; tu as répandu ton parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour toi ; je t'ai goûtée, et j'ai faim et soif de toi ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en toi.
Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n'y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l'allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même. Mes joies, dont je devrais pleurer, sont encore en lutte avec mes tristesses, dont je devrais me réjouir. De quel côté apparaîtra la victoire, je l'ignore.
Malheureux que je suis ! Seigneur, prends pitié de moi. Hélas ! Tu vois : je ne cache pas mes plaies; tu es le médecin, je suis le malade ; tu es miséricordieux, je suis misérable.
N'est-ce pas que la vie de l'homme sur la terre est une corvée? Qui peut désirer des peines et des tracas ? Tu ordonnes de les supporter, non de les aimer. Personne n'aime ce qu'il supporte, bien qu'il aime à supporter. On a beau se réjouir de supporter, on préférerait n'avoir rien à supporter. Dans l'adversité, j'aspire au bonheur ; dans le bonheur, je redoute l'adversité. Entre ces deux extrêmes, y a-t-il un milieu, où la vie humaine ne soit pas une « corvée » ? Malheur aux prospérités du monde, oui, deux fois malheur, et parce qu'on y craint l'adversité, et parce que la joie s'y corrompt. Malheur aux adversités du monde, oui, deux et trois fois malheur ! Parce que l'on continue à désirer la prospérité, parce que l'adversité elle-même est pénible, et que la patience peut y faire naufrage ! N'est-ce pas que la vie de l'homme sur la terre est une corvée sans aucune interruption ?
Et toute mon espérance n'est que dans ta grande miséricorde.