Jusqu’à la mort accompagner la Vie !
Le printemps 2023 ne se terminera pas sans que soit de nouveau évoqué la « nécessité » de réviser la loi de bioéthique en faveur de l’euthanasie ou du suicide assisté. On nous expliquera que la France est en retard, et qu’il est urgent d’établir une loi visant à établir le « droit à mourir dans la dignité. »
« Mourir dans la dignité » tel est le slogan suprême des militants pro-euthanasie. Alors, se pose la question de la dignité de l’homme. Le critère qui me rendrait « digne » serait-il d’être beau et en pleine santé ? Serait-il fonction de l’âge de l’individu ? De sa couleur de peau ? De ses gènes ? Rien de tout cela bien-sûr !
Revenons à l’origine : « Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance.
Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Gn 1, 26.27).
La dignité est donc inhérente à la condition humaine qui est « image et ressemblance » de Dieu. Cette dignité est donc immuable, et s’applique dans la force de l’âge comme dans l’enfance. La dignité humaine commence dès les deux premières cellules de la conception jusqu’au dernier souffle du vieillard. Et cette dignité n’est en rien altérée par le fait d’être handicapé plus ou moins lourdement, ou malade plus ou moins gravement.
Mais alors, me direz-vous, mourir n’est pas digne de l’homme !
En effet ! Par la dignité suprême que Dieu a voulue pour l’humanité, l’homme est fait pour la vie éternelle. Mais, « par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes. » Rm 5, 12
La mort est fondamentalement en contradiction avec le projet initial de Dieu, et cette « traversée » une déchirure. N’oublions pas que Jésus a accepté de passer par là : « Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre ». Lc 22, 44
Pour autant, sa dignité n’a jamais été entamée, pas même sur la croix !
C’est vrai que la fin de vie est toujours une situation délicate, et qu’il est nécessaire d’apporter beaucoup de soin aux malades mourants afin d’apaiser leur angoisse et leur souffrance. La loi Léonetti, actuellement en vigueur, le permet très efficacement.
Au contraire, est-il digne d’être piqué comme un chat ou un chien ? Ce que j’ai pu constater en tant que médecin, c’est que l'euthanasie et le suicide assisté sont beaucoup moins une revendication de mourants que de personnes en bonne santé qui sont effrayées par la condition de « mourant ». C’est ainsi que ces personnes veulent conjurer ce spectre par la perspective d'une fin rapide ou commandée.
En qualité de Chrétiens, nous avons le devoir d’éveiller notre conscience et de prier pour que, jusqu’à la mort naturelle, la vie puisse-être accompagnée jusqu’à ses derniers instants. Nous pourrions orienter notre carême vers les personnes les plus fragiles.
Apporter de la vie aux années, apporter une présence dans la solitude, apporter des soins attentifs et dévoués à chacun et jusqu’au terme de sa vie, apaiser les douleurs et l’angoisse, voilà ce qui est digne des fils de Dieu. Militons pour la vie !
Bon carême !
Philippe VINCENT - Diacre permanent.