De la mort à la vie
Alors que l’humanité est encore fortement impactée par les conséquences de la pandémie qui nous frappe depuis plus d’un an, les chrétiens fêtent la résurrection de Jésus-Christ.
Qu’est-ce que cela veut dire quand chaque jour, les médias nous relaient à l’envie le nombre de décès dans les hôpitaux ? Si nous y ajoutons les victimes du confinement, de l’isolement, et de ses conséquences sociales en terme de déchéance, de violence et de désespoir qui font encore plus de dégâts que la maladie, la mort semble omniprésente. Et vous dites : « Le Seigneur est ressuscité » !?
Et pourtant, il est ressuscité : cette année, le mois d’avril s’ouvre sur le premier acte du triduum pascal : dans l’évangile de Jean de la messe de la cène, Jésus s’offre à nous dans ce geste du lavement des pieds lors de son dernier repas avec ses disciples. Lui le maître, retire son vêtement divin et revêt le tablier du serviteur, puis il se met à genoux devant les siens dans un geste d’amour qu’il nous demande d’imiter. Puis dans un geste d’amour encore plus fou, il va donner sa vie sur la croix pour brûler nos péchés. Il acceptera cette mort indigne pour que chaque homme ait la vie éternelle. Sa résurrection le troisième jour, nous en montre le chemin. La réalité de la mort de Jésus rejoint notre expérience humaine. Et c’est le dimanche de Pâques, devant le tombeau vide, que notre foi en Jésus ressuscité est mise à l’épreuve. Car la résurrection n’est pas confinée à un savoir. « Elle est une question de foi au cœur de la vie, une question de vie au cœur de la foi. De même qu’on ne peut savoir ce qu’est l’amour si on n’a pas fait l’expérience d’être aimé et d’aimer, on n’a pas idée de l’espérance qui naît de la foi au Ressuscité si on n’a pas fait l’expérience de la victoire de la vie et de l’amour dans des situations où toute forme de mort semblait l’emporter ». (1)
Quand je vois, à genoux sur les routes de Birmanie, Sœur Ann Roza Nu Tawng symbole de la résistance pacifique face à la junte militaire pour faire taire les armes, je dis : « Oui le Seigneur est ressuscité ! »
Quand cette jeune fille de 18 ans qui n’a pu veiller son grand-père à l’hôpital, ne se révolte pas mais écrit aux infirmières qui l’avaient soigné jusqu’au bout : « Soyez bénies ! Grâce à vous mon grand-père est parti en paix. » Comment ne pas dire : « Oui le Seigneur est ressuscité ! »
Quand dans mon cœur je laisse éclore la générosité et sur mon visage un sourire, plutôt que ma morosité, alors, « Oui le Seigneur est ressuscité ! »
La résurrection du Christ « n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est aussi certain que dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit. (…) Chaque jour, dans le monde renaît la beauté qui ressuscite, transformée par les drames de l’histoire. (…) L’être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles. C’est la force de la résurrection et tout évangélisateur est un instrument de ce dynamisme ».(2)
Alors oui, le Seigneur est ressuscité, et nous sommes ressuscités dès maintenant avec Lui par la force de notre baptême ! C’est notre foi !
Il est vraiment ressuscité ! A chacun de nous de le faire paraitre dans notre vie chaque jour. Alleluia !
Philippe VINCENT – diacre.
- Père Yves GUILLEMETTE – Edito « PARABOLE » Avr. – Mai 2014
- Pape François Exhortation « La Joie de l’Évangile ». No. 276