Bien aimés dans le Christ,
Le temps de Pâques s’achemine lentement vers sa fin. Bientôt l’Église célébrera la fête de l’Ascension, puis celle de la Pentecôte qui clôturera le cycle commencé au matin de la Résurrection. Il est donc normal que les lectures de ces jours se concentrent progressivement sur l’Esprit Saint, don du Christ ressuscité à son Église.
La lecture des Actes des Apôtres de ce mardi (16, 22-34) nous présente un personnage un peu spécial. Il s’agit du geôlier de la prison de Philippe, où Paul et Silas ont été enfermés suite à une émeute de la foule dirigée contre eux. D’abord les magistrats les font rouer de coups puis les jettent en prison, en ordonnant au geôlier de faire bonne garde. Voilà pourquoi cet homme, ayant entendu le tremblement de terre pendant la nuit, et voyant que les portes de la prison étaient ouvertes, pris de désespoir, veut se tuer. Mais Paul le rassure et lui, tremblant et émerveillé, supplie à genoux d’être sauvé.
Le récit nous dit que cet homme a accompli tout de suite les étapes essentielles du chemin de foi et de salut : il écoute avec toute sa famille la parole du Seigneur ; il lave les plaies de Paul et Silas ; il reçoit le baptême avec tous les siens ; et enfin il accueille Paul et Silas chez lui, il dresse la table et leur offre, tout joyeux, à manger. Tout le chemin de la foi. Chers frères et sœurs dans le Christ, l’Évangile annoncé et cru incite à laver les pieds.
Le geôlier de Paul et Silas n’aura pas laissé son nom dans l’Histoire. Mais quel personnage ! Tout d’abord, voilà un homme qui rencontre un vrai visage d’Église : la première chose que Paul et Silas lui disent n’est pas un discours sur Dieu, mais une parole de réconfort qui le rejoint là où il est dans sa détresse : « Ne crains pas ! »
Ils reprennent ainsi exactement les premiers mots de Jésus après sa Résurrection, ces mots qui donnent au geôlier la lumière de Pâques. Ensuite, c’est un homme qui passe de la crainte à la joie, de la mort à la vie. Il était sur le point de se donner la mort, et il accueille la Vie de Jésus en se faisant baptiser avec tous les siens.
Enfin, le voilà qui met en œuvre la parole de Jésus envoyé par le Père pour « libérer les captifs » lorsqu'il ouvre les portes de sa prison : il engage résolument son existence à l’exemple du Christ, alors même qu’il va ainsi perdre son métier !
Ce qui frappe dans tout cela, c’est la dimension communautaire de ce cheminement. Ce n’est pas une seule personne, mais deux témoins ensemble qui apportent l’Église. Et ce témoignage est assez puissant pour susciter la conversion d’une famille entière, qui devient ainsi une nouvelle Église. Être rejoint par des témoins du Christ, les laisser nous donner la Vie, et imiter ensuite le Christ : il y a dans la conversion du geôlier un vrai chemin de vie chrétienne en Église. Quel dommage que, contrairement au bon larron, la tradition ne lui ait pas donné de prénom… Que cela ne nous empêche pas de prier avec lui pour notre propre conversion !
L’Évangile nous rappelle le fait que l’Église se prépare à commémorer le don de l’Esprit-Saint, de manière toute spéciale, lors des fêtes de la Pentecôte. Même si Jésus est monté au ciel, même si nous ne voyons pas Dieu, nous ne sommes pas seuls, notre défenseur est parmi nous. Il nous engage dans les combats pour rendre ce monde plus juste, plus vrai, plus fraternel et plus libre. C’est un nouveau chemin de foi qui s’ouvre devant nous, dans la douceur et dans l’humilité. Jésus nous propose de vivre pleinement de son Amour au cœur de notre vie. Il est venu apporter le feu de l’Amour sur la terre en nous donnant l’Esprit Saint. Le menteur est terrassé, il ne peut plus nous illusionner. Ce qui n’était pas possible, enténébré par le menteur, devient un chemin déjà parcouru par Jésus le Sauveur. Nous reconnaissons nos limites et nous les donnons à l’Amour infini de Dieu. Elles sont offertes pour devenir des lieux de croissance, à la suite de Jésus. Nous discernons notre origine, là où s’enracine l’Amour dans notre vie. À cette Lumière nouvelle, nous comprenons l’erreur du monde et nous pouvons vivre une vie nouvelle qui prend racine dans la vie de Jésus. L’Esprit Saint nous donne de considérer autrement notre vécu. Nous croyons en l’amour tout puissant de Dieu, et nous laissons l’Amour infini de Dieu travailler en nous. Désormais la peur a perdu son pouvoir et nous demeurons dans l’Amour avec Jésus à jamais Vivant. En ce temps de préparation à l’Ascension et à la Pentecôte, disposons-nous à recevoir l’Esprit en étant plus dociles à la volonté de Dieu, accueillie avec amour. Et que Saint Yves l’avocat des humbles et des opprimés intercède pour chacun de nous. Amen.