HOMELIE 6eme dimanche de Pâques: Vous reconnaitrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous

Nous sommes au soir du jeudi saint, et Jésus, après le lavement des pieds, s’entretient longuement avec ses disciples. Voilà un peu plus de 2 ans qu’il vit avec ces hommes qui ont tout quitté pour le suivre, et je ne sais si vous avez été saisi, comme moi, par la tendresse des paroles de Jésus. Il leur parle comme un père parle à ses enfants : « Je ne vous laisserai pas orphelins »

C’est donc bien un discours d’adieu que Jésus tient à ses apôtres, il veut les préparer au drame de sa mort sur la croix. Et surtout, il veut leur apprendre à vivre sans sa présence physique à leur côté, à vivre une certaine absence ou plutôt une autre forme de présence.

Jusque là c’était Jésus leur défenseur, mais il leur dit je prierai le Père qu’il vous envoie un « autre défenseur, qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité »

Y a-t-il un cadeau plus précieux que le don de l’Esprit ?

Le don de l’Esprit :

En bons juifs qu’ils étaient, les apôtres connaissaient la prophétie d’Ezéchiel « … Je mettrai en vous mon propre Esprit et je vous ferai marcher selon mes lois » Ez 36, 26 ; ou celle du prophète Joel « je répandrai mon Esprit sur toute chair ». Jl 3,1

Alors, dire : « l’Esprit de vérité demeure auprès de vous, et il sera en vous » c’est leur annoncer que le grand jour de l’Alliance définitive est arrivé.

Car la grande attente du Peuple d’Israël, c’était la présence de Dieu au milieu de son peuple :  Il y avait eu la Tente de la rencontre pendant l’Exode, puis le Temple de Jérusalem, mais on attendait l’Alliance nouvelle où Dieu demeurerai pour toujours.

L’inhabitation :

Et Jésus annonce, que le lieu de l’alliance ne sera pas dans des bâtiments, mais dans le cœur de son peuple. Il sera au plus intime du cœur de chaque croyant.

L’Esprit de Vérité, ne peut pas être reçu par un monde qui refuse de le voir, qui refuse de le connaitre, qui refuse de le croire, mais aux amis de Jésus cela est donné. Aux apôtres il y a 2000 ans, mais à nous aussi !

Oui, chers amis, Jésus nous invite à faire de nos cœur le lieu de son repos. Le cœur du croyant peut devenir une villa, une auberge, un château intérieur, une chapelle, un tabernacle. Ceci est possible par l’Esprit Saint ! C’est d’ailleurs, le premier don de l’Esprit dont découle tous les autres : rendre Dieu proche.  

L’Esprit nous permet de comprendre ce que le Fils est pour le Père, ce que le Père est pour le Fils et qu’il est le lien d’amour qui les relie.

Et nous comprenons bien toute la grandeur du don qui nous est fait et qui se réalise pleinement dans l’eucharistie car il permet que notre cœur soit pleinement habité par les trois personnes de la trinité. « vous reconnaitrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous » C’est vraiment le don le plus grand qui puisse nous être fait !

La condition de l’amour :

Cependant, il y a une condition pour recevoir « l’Esprit de vérité »… Et cette condition, les disciples la connaissent bien : c’est qu’ils vivent ce que Jésus lui-même a toujours vécu : l’amour gratuit. « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » dit Jésus au début de ce passage, puis il insiste à la fin du paragraphe : « celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui qui m’aime ». Ces commandements, nous savons bien qu’il s’agit de l’unique et même commandement de l’amour de Dieu et du prochain.

Ce n’est pas un amour « du bout des lèvres » mais un amour qui se déploie concrètement dans l’action ! Rappelons-nous les œuvres de miséricordes que le Pape François, a développé en 2015 (Bulle d’indiction N°15). 7 œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les 7 œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts. »

Ainsi, dans notre vie quotidienne, nous réalisons que nous sommes à tout moment capable de faire ce pas vers Jésus : Aimer Dieu et aimer son prochain, tout simplement, c’est faire vivre le Christ en nous.  « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ».

Ceci est bien illustré dans la première lecture, lorsque Philippe (diacre) a pu réaliser des prodiges, tellement il était habité par le Christ, et a pût ainsi évangéliser efficacement la Samarie, et être à l’origine de nombreuses conversions.

Vivre concrètement l’amour de Dieu et du prochain, nous ouvre les portes de l’Esprit Saint et nous permet de faire vivre en nous Jésus le Christ, de le reconnaitre en nos frères, et tout particulièrement les plus démunis ou malades.

Alors mes frères, hâtons-nous, car en ces temps perturbés, le monde a besoin de Jésus-Christ, le monde nous attend.

Amen.           Philippe-diacre