Frères et sœurs, dans l’évangile de ce jour, la foule se met à la recherche de Jésus… mais comme les hébreux ils ne connaissent pas celui qui les a mis en marche. Ils ne comprennent pas le signe de la multiplication des pains.
Ils attendent comme pour la manne que la nourriture continue à leur être donnée à profusion surtout s’ils réussissent à faire accepter à Jésus de devenir leur Roi. Jésus, lui veut leur montrer que son but est de leur donner une nourriture qui se garde pour la vie éternelle… parce qu’il est le Fils de Dieu.
Les gens lui demandent ce qu’il faut faire pour être « embauchés », pour travailler à gagner ce pain. Ils n’ont pas compris la gratuité du geste de Jésus…
Pour quelle nourriture voulez-vous travailler ? Que cherchez-vous en priorité ? leur disait Jésus.
Comme le peuple dans le désert, ces gens n’ont pas compris que Jésus voulait leur donner accès à une autre réalité : les signes étaient posés pour engendrer la confiance, et non pour nous enfermer dans nos faims… C’est d’abord Dieu qui est à l’œuvre, qui a l’initiative de nous nourrir.
Mais il y a aussi des faims plus profondes. Jésus veut nous y éveiller au cœur de nos propres faims et soifs, de nos déserts aussi… n’oublions jamais la table de la Parole, car la Parole aussi est nourriture.
Et Jésus nous offre la nourriture du chemin qu’est l’Eucharistie. C’est la caractéristique de « l’homme nouveau ». L’Eucharistie, c’est une nourriture différente, la vraie nourriture signe de la présence de Dieu, du Christ qui marche avec nous.
Après la crise sécuritaire de 2001 (attentats aux USA), et la crise économique de 2008, la dernière crise la plus importante du XXIème siècle, est une crise sanitaire (l’épidémie du coronavirus). Je me souviens de tous ces magasins et supermarchés qui étaient pris d’assaut ! J’ai été témoin des scènes complètement hallucinantes dans des rayons de supermarché !
Peut-être, cette crise sanitaire aura creusé, par-dessous le besoin alimentaire, une faim d’un autre ordre : le désir de Dieu, où incontestablement se conjuguent la confiance et les risques inhérents à la liberté !
Rivés à nos besoins, vrais ou faux, franchement acceptons-nous que Dieu vienne, jour après jour, aviver en nous l’attente d’un salut qui ne peut que venir de lui ?
Tel est, à mon avis, aussi le sens de cette parole de Jésus : « vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains à satiété ». Oui, se convertir, c’est aussi passer d’une religion de besoin à un cheminement inspiré par le désir !
Pour finir notre méditation, écoutons saint Jean Chrysostome (V. 345-407) : « Considère quel grand honneur tu reçois, et de quelle table tu es le convive. Celui que les anges ne voient qu’en tremblant, celui qu’ils n’osent pas regarder sans crainte à cause de la splendeur de la gloire qui rayonne de sa face, nous en faisons notre nourriture et nous devenons avec lui un seul corps et une seule chair. « Qui dira les exploits du Seigneur, qui proclamera ses louanges » (Ps 105,2). Quel berger a jamais nourri ses brebis de sa propre chair ? Il arrive souvent que les mères confient à des nourrices leurs enfants »
Oui, le Christ est le seul Pain de ta vie, celui qui peut, non désolé, je ne dirai pas celui qui « peut », mais celui qui comble toute ta faim, toute ta soif. Il l’est parce qu’en lui-même Dieu se donne à toi ! C’est cela le propre de l’amour. Quand j’aime véritablement quelqu'un je me fie à lui, je me donne à Lui, et cela, jusqu'à ma propre chair ! Le Christ l’a fait.
« Celui qui vient à moi, celui qui croit en moi, n’aura plus jamais faim, ni soif ». Comme Étienne dans la 1ère lecture, demandons à Dieu, la grâce de la joie de le trouver en cheminant dans la foi. Et quels que soient les événements que tu traverses, qu’Il te donne ton pain quotidien… donc, réapprend à avoir soif et faim de Dieu !