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Même confiné, on peut prier et méditer ! n°15

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (26, 14-25)

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »

 

Méditation

Père Jean-Rémy Falciola, curé des Saintes-Maries-de-la-Mer

C’est le temps de préparer la Pâque et Jésus demande à ses disciples de participer à la préparation de cette célébration où l’on fait mémoire, par un repas, de la libération voulue par Dieu. Ce passage dans la mer qui, par le bras de Moïse, sauve le peuple des Fils d’Israël et l’ouvre à un nouvel avenir, une nouvelle Pâque… C’est le temps de l’Exode.

Tout est prêt, les vœux du Maître sont exaucés. Mais les disciples ont-ils compris la parole énigmatique de Jésus : « Mon temps est proche… » ? À quelle Pâque voulait-Il les préparer ? Comme dit le Prophète Isaïe : « Chaque matin le Seigneur éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple j’écoute. » Et pourtant combien de fois j’ai écouté sans comprendre où Il voulait me conduire. Ayant réuni ses disciples autour de la table, Jésus prononça une autre parole lourde de sens…

« Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer ». Et oui, parmi eux se trouve l’homme qui va trahir le Fils de l’homme par un sordide marchandage : « Que voulez-vous me donner si je vous le livre ? » La vie de Jésus ne pèse pas lourd aux yeux des grands prêtres, pas plus que celle d’un esclave : seulement « trente pièces d’argent… ».

Mais Jésus dira : « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne, je m’en dessaisis de moi-même… » (Jn 10, 18). C’est par un homme qui trahit le Fils de l’homme que va s’accomplir le dessein d’Amour du Père en nous livrant son Fils pour nous sauver, nous libérer, ouvrir à tous les hommes un nouvel avenir, une nouvelle Pâque dans la brèche de l’humanité.

Combien de fois avons-nous entendu ou même médité ces paroles, toujours aussi étonnés et à la fois émerveillés par ce paradoxe de l’Amour du Père.

Les disciples sont attablés autour de Jésus pour le Repas et une seule phrase de sa part va troubler leur conscience et mettre en cause leur fidélité au Maître : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer… » Chaque disciple chuchote sa réponse : « Serait-ce moi, Seigneur ? » La tristesse les envahit parce que la prédiction de Jésus envers ses disciples révèle trop bien la fragilité de leur attachement à leur Seigneur. Cette interrogation peut être la nôtre : ma relation intime avec le Seigneur m’engage-t-elle quotidiennement à ne jamais le trahir et à ôter de ma vie tout ce qui serait signe de trahison dans ma relation aux autres.

À la perturbation des disciples, Jésus confirme sa détermination, comme Fils de l’homme, d’accepter d’être livré selon le projet de Dieu annoncé par l’Écriture. « Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet… »

Nous pouvons être émerveillés de cette souveraine liberté de volonté de Jésus acceptant de mourir sur la croix comme un bandit pour que les hommes reçoivent en héritage la Vie en plénitude en sa Résurrection.

La convivialité du Repas qui traduit une intimité entre Jésus et ses disciples va être trahie par l’un d’eux. « Serait-ce moi, Rabbi ? » dit Judas, le faux ami, qui récapitule en son geste de se servir en même temps que Jésus, le détournement de l’esprit de service que le Christ est venu instaurer comme fondement de l’Amour de Dieu pour les hommes.

Trahir le Christ reste une menace pour tout disciple mais notre confiance livrée à la force de l’Esprit-Saint nous préserve pour ne pas entrer en la tentation de nous éloigner du Seigneur.

En ces jours vécus dans le confinement préservons-nous de toute critique, de tout jugement qui nous feraient entrer dans une forme de trahison de la beauté du monde voulue par Dieu et dont chaque geste de solidarité, de courage, d’attention, d’amour en sont les signes.

 

« Mon Père je m’abandonne à Toi, fais de moi ce qu’il te plaira… ». Prière d’Abandon de Frère Charles de Foucauld

 

Prière

Nous pouvons réciter ensemble à midi, un « Je vous salue Marie », un « Notre Père », et la « Prière en temps d’épidémie » écrite par un prêtre du diocèse :

 

Prière en temps d’épidémie

Saint Roch et saint Sébastien, amis du Seigneur Jésus, vous qui avez connu l’épreuve de la souffrance et de la maladie, soyez aujourd’hui les ambassadeurs de notre prière auprès de Dieu notre Père. En ce temps d’inquiétude et d’incertitude, nous recourons à vous avec confiance pour demander votre intercession.

Comme nos aïeux en Provence qui n’ont jamais désespéré de Dieu dans les pires moments des épidémies de peste et se sont toujours confiés à vous, nous renouvelons cette fidélité à l’heure du coronavirus qui nous frappe aujourd’hui.

Grand saint Roch, grand saint Sébastien, vous qui contemplez le visage de Dieu dans la gloire du ciel, voyez vos frères et sœurs d’ici-bas qui sont aux prises avec les flèches de la maladie aux quatre coins du monde.

Vous qui goûtez la plénitude de l’amour du Saint-Esprit, demandez-lui pour nous la fraîcheur dans la fièvre, la guérison pour ce qui est blessé.

Vous que la sainte Vierge Marie a présenté à Dieu après l’épreuve, demandez-lui de nous prendre dans son manteau de miséricorde et de dire à son Fils que nous manquons du vin de la joie.

Vous qui avez risqué votre vie pour annoncer à tous la Vie qui est en Jésus, confiez au divin médecin toutes les personnes qui luttent au chevet des malades, qui se dépensent pour leurs frères et cherchent pour développer des traitements.

Vous qui avez vécu en fils de l’Église en toutes circonstances, priez pour que les chrétiens donnent à tous le témoignage humble de leur confiance paisible, de leur charité active, et de leur espérance invincible qui viennent du cœur du Christ.

Vous qui ne vous êtes jamais résignés au mal, obtenez-nous de ne céder ni au fatalisme ni à la panique, mais d’avancer dans ces quarante jours de Carême les yeux fixés sur la croix de Jésus, mort et ressuscité, en qui est la victoire totale et définitive sur le mal.

Glorieux saint Sébastien et saint Roch, nos amis dans la difficulté, demandez-le à Dieu notre Père, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec lui dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

Saint Roch, priez pour nous.

Saint Sébastien, priez pour nous.

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