HOMELIE DU SAMEDI SAINT

 Vous cherchez Jésus-le crucifié ?           Mt 28, 1-11

Le jour se lève tout juste, et voici sur le chemin, Marie de Magdala et l’autre Marie.

Qui est l’autre Marie ? La Sainte Vierge ? sans doute pas, l’évangéliste nous le dirait ! Marie femme de Cléophas ? Marie, sœur de Marthe et de Lazare ? c’est possible… ou peut être vous ou moi… en tout cas St Mathieu nous invite à cheminer avec elles, avec ses femmes unies dans la douleur.

Il est très tôt, il a fallu attendre que se termine le sabbat pour revenir au tombeau et se recueillir, faire mémoire de la tragédie de la mort de Jésus : Nous pouvons les rejoindre dans ce lieu là et aller avec elles à ce tombeau en osant parler à Dieu de ce qui dans nos vies est de l’ordre de la tristesse, du découragement.

Et puis, il y a peut-être un espoir secret au fond de leur cœur, un espoir que quelque chose se passe au-delà de toute logique humaine.

C’est bien notre état d’esprit aussi, nous sommes encore dans la pénombre de nos vies terrestres, assombries par le mal, par les lourdeurs de nos corps maladroits ou douloureux, les soucis de ce monde et particulièrement en cette période d’épidémie qui frappe notre humanité.

Et pourtant, un jour nouveau se lève : le premier jour de la semaine !

Et voici que ces femmes vont assister quasiment en direct à la résurrection de Jésus : la terre se met à trembler, comme pour se secouer de tous le mal et de tous les péchés des humains, ou pour être remodelée à neuf comme au premier jour de la création ….

Et voici l’ange du Seigneur qui, dans sa blancheur éclatante, vient rouler la pierre, et annoncer la bonne nouvelle :

« Vous cherchez Jésus le Crucifié ? Il n’est pas ici ! » Non, ne cherchons plus Jésus le crucifié, car c’est un Christ bien vivant que nous devons chercher ! Et l’ange reprend :

« Soyez sans crainte ! » Ne vous attardez pas à contempler l’endroit où il reposait : Il est ressuscité ! Il est vivant ! vite allez le dire à ses disciples !

Elles courent déjà porter la nouvelle, tressaillant de joie… Mais c’est Jésus qui vient à leur rencontre pour les saluer ! 

« Je vous salue » : La même expression que celle adressée à Marie à l’Annonciation. Parole pour une autre naissance, celle de Dieu au plus profond de nous. « Je vous salue » ce vocable est intraduisible en français, il dit à la fois « salut », « joie » et « grâce ». En le disant à ces femmes, c’est à chacune et chacun de nous qu’Il le dit !

Oui, Jésus vient à notre rencontre, à la rencontre de chacun de nous depuis notre premier jour, c’est toujours Lui qui fait le premier pas. Comme l’ange le disait : « voici qu’il vous précède en Galilée ».

Pourquoi en Galilée ? Parce que c’est la « Galilée des nations » : la population galiléenne a toujours été très mélangée, c’est typiquement La Région à convertir en comparaison avec la Judée et plus particulièrement Jérusalem qui est la ville sainte.

Jésus insiste : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Marie de Magdala et l’autre Marie, témoins de la Résurrection du Christ sont immédiatement envoyées en mission. Oui, le trésor d’une telle joie nécessite d’être partagé : 

Être témoin de la résurrection du Christ, implique d’être apôtres-missionnaire du Christ.

Nous qui n’étions pas au tombeau il a 2000 ans, C’est par notre baptême, dans la foi que nous sommes introduits à une vie nouvelle :

Par notre baptême, nous faisons l’expérience de la miséricorde infinie de Dieu, Lui qui malgré nos péchés nous aime par-dessus tout, et nous libère de nos esclavages mortels.

Ainsi relevés, notre joie est immense et nous savons qu’il nous nourrit de sa Parole-vivante, et qu’il nous envoie à la rencontre de Jésus dans nos frères.

C’est tout le sens de cette fête de Pâques !

Philippe VINCENT - Diacre