De l’Horeb au Golgotha : Dieu sur la montagne.
Si dans la plupart des religions, la montagne est considérée comme le point où le ciel et la terre se rencontrent, pour nous chrétiens, il n’en est rien.
Malgré tout, les montagnes tiennent une place importante dans les récits de l’Ancien Testament. Elles sont des créatures de Dieu et lui appartiennent « Ô vous montagnes et collines, bénissez le Seigneur » (Ps 148, 9), « elles fument au contact de celui qui peut les consumer par le feu » (Ps 104, 32,) « devant sa face, elles fondent comme cire » (Is 63, 19).
C’est le lieu de la révélation par excellence, la montagne de Dieu comme le mont Horeb dans le Sinaï : terre sainte où Moïse fût appelé (Ex 3, 1.5) pour y recevoir sa Loi (Ex 24, 12). C’est là encore que monta Elie (1 R 19, 8) qui voulait entendre Dieu lui parler.
C’est surtout le lieu du sacrifice : n’était-ce pas sur une petite hauteur (étymologiquement « autel ») que devait s’accomplir le sacrifice ? (Ex 24)
Alors, ce n’est pas étonnant que Jésus aimait à s’y retirer pour prier (Mt 14, 23 ; Lc 6,12), enseigner les foules (Mt 5, 1), guérir les malheureux et multiplier les pains (Mt 15, 29). C’est sur une montagne aussi que Jésus apparait transfiguré (Mt 17), nous laissant entrevoir un instant le rayonnement de sa lumière divine. Et si aucune de ces montagnes n’est nommée dans les Écritures, gageons que c’est pour nous éviter la tentation d’y planter une tente un peu trop durablement.
Jérusalem : ce n’est pas un très haut sommet me direz-vous, mais s’il est une montagne où Dieu attend l’homme, c’est bien celle-là ! La Jérusalem céleste bien sûr, où nous sommes attendus par le Père. Mais ici-bas, bien que géographiquement ce ne soit pas le lieu le plus élevé, il faut tout de même réellement monter pour accéder à la ville sainte. Le pieux pèlerin Israélite le sait bien (Lc 2, 42), et Jésus venant de Galilée a physiquement éprouvé cette montée vers Jérusalem. Durant toute notre vie, et particulièrement en ce temps de carême, nous sommes invités spirituellement à le suivre dans cette montée solennelle.
Le dimanche des Rameaux nous ferons mémoire de son arrivée triomphale, accueilli par une foule bruyante et disparate. Puis, presque sans transition, nous gravirons avec Jésus le Mont des Oliviers et très vite, de l’autre côté de la ville un autre sommet : le Golgotha !...
Quelle belle pédagogie que celle de Dieu, qui veut nous apprendre à élever les yeux vers le ciel, où plutôt vers celui qui fut élevé de terre : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé » (Jn 3, 14).
Oui, car nous savons que la croix pointe notre regard et notre âme bien plus haut vers le ciel.
Philippe VINCENT – Diacre permanent