Allez… Revenez à moi.
À travers ces deux appels du Seigneur, c’est toute notre vie chrétienne qui prend sens.
Le premier, « Allez », est la finale de l’Évangile selon Saint Matthieu où Jésus demande de faire des disciples : c’était le thème de notre journée en unité pastorale le 29 janvier dernier. Si nous sommes chrétiens, ce n’est pas pour nous seulement, mais c’est pour témoigner de cette Bonne Nouvelle à tous : « de toutes les nations faites des disciples ». À force de ne retenir que le sens négatif de prosélytisme, il semble désormais qu’il nous soit interdit de parler de notre foi, encore plus de la proposer à quelqu’un qui ne connaitrait pas le Christ. Si, bien entendu, c’est la manière qui importe (la foi ne peut être contrainte ou imposée), le fait de la proposer est tout à la fois un ordre du Christ et le respect même de la liberté de ceux et celles à qui nous la proposons.
Le deuxième terme, qui semble s’opposer au premier, est une demande du Seigneur dans le livre du prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur » (chap. 2). Elle est une invitation à la conversion : littéralement, se retourner vers le Seigneur, en se détournant du mal et du péché. Du coup, cette attitude ne s’oppose pas à celle d’aller mais elle lui répond un peu comme les deux mouvements du battement de notre cœur. Aller au loin, « sortir », « rejoindre les périphéries » comme aime à nous le rappeler notre pape, mais aussi revenir au Seigneur, nous ressourcer, nous convertir pour nous préparer à nouveau à sortir.
C’est ce mouvement de conversion que nous sommes invités à vivre tout particulièrement durant le carême. Lors de notre dernière journée en unité pastorale, nous avons voulu nous souvenir de cet envoi comme disciples-missionnaires qui veulent témoigner et faire vivre l’essentiel de notre foi. En nous inspirant de la première communauté chrétienne (cf. Actes des Apôtres, chapitre 2), nous avons reconnu dans cet essentiel : la prière, la fraternité, la formation, le service et l’évangélisation.
Chaque vendredi de carême, nous serons invités à approfondir et à méditer sur chacun de ces aspects, pour que l’Esprit Saint nous éclaire sur la manière de le vivre dans notre vie, dans notre communauté chrétienne et dans le monde. Ainsi, durant cinq vendredis, nous écouterons « ce que l’Esprit dit à notre Église » (cf. Ap 2) pour mieux nous envoyer être le témoin du Christ ressuscité que nous célèbrerons à Pâques. Il est vrai que cette démarche est exigeante et nous demandera certainement des efforts importants : le carême, depuis les origines du christianisme, a toujours été un temps fort de ressourcement spirituel pour les disciples de Jésus-Christ.
Inspiration et expiration, contemplation et action : durant ce carême, permettons à notre foi de respirer à plein poumon, de recevoir largement l’Esprit, le souffle du Seigneur pour nous ouvrir aux larges dimensions universelles de notre foi et de notre Église !
Père Michel Isoard